Immense succès du stage : « Enseigner l’EVARS : un enjeu pédagogique, éducatif et politique »
A un an des futures élections présidentielles, tous les sondages montrent que les idées d’extrême droite ne cessent de progresser en France. Selon une enquête d’Ipsos et du Centre de recherches politiques de Sciences Po, le Cevipof, un professeur sur cinq a voté en faveur du Rassemblement national au premier tour des législatives de 2024. C’est six fois plus qu’il y a 15 ans. L’adhésion d’une partie croissante de nos collègues à des idées qui vont à l’opposé des valeurs que doit porter l’École Républicaine, et auxquelles nous sommes toutes et tous profondément attachés, doit nous alerter.
FONDATION DE VISA EDUCATION 78
VISA (Vigilance et initiatives syndicales antifascistes) est une association intersyndicale composée de plus de 300 structures syndicales qui s’est donnée pour principe de lutter sur le terrain contre la propagation des idées réactionnaires de toute obédience. Fortes de la volonté de nous élever contre la propagation de l’extrême droite et de ses idées dans notre société et au sein même de notre école, les organisation syndicales FSU, CGT Education, Sud Education, CFDT-EFRP et du SE-UNSA des Yvelines ont œuvré ensemble, depuis le printemps dernier, à la fondation d’un collectif VISA Éducation 78.
Dans ce cadre, VISA78 a proposé le 20 novembre dernier à plus de cent participantes et participants un stage intersyndical «Enseigner l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle : un enjeu pédagogique, éducatif et politique». Fanny Gallot, historienne, maîtresse de conférences à l’Université Paris-Est-Créteil et autrice de «J’enseigne l’égalité filles-garçons» et Cécile Gondard-Lalanne, membre du Conseil économique social et environnemental, et co-rapportrice de la saisie du CESE sur le programme EVARS nous ont permis de mener une réflexion de fond sur les enjeux de l’EVARS avant de concrétiser l’analyse autour d’ateliers thématiques.
L’ÉDUCATION A LA SEXUALITÉ EN FRANCE DU DÉBUT DU XXème A NOS JOURS
En s’appuyant notamment sur les travaux de recherche d’Yves Verneuil regroupés dans son livre «Une question chaude» et sur la publication du centre de recherche de la FSU «Sortir des polémiques, ouvrir des possibles», aux éditions SYLLEPSE, qui traite des enjeux de l’EVARS, Fanny Gallot a déroulé le parcours de l’éducation à la sexualité en France, depuis les enjeux hygiénistes du début du XXème siècle jusqu’au projet actuel. Il aura fallu attendre plus d’un siècle pour voir se concrétiser ce programme, fruit de décennies de combats associatifs et syndicaux. En 2001, la loi institue pourtant l’éducation à la sexualité comme «composante essentielle de la construction de la personne et de l’éducation». Pour autant, moins de 20% des élèves en bénéficient et aucun bilan n’est alors réclamé par l’institution.
En 2014, les «ABCD de l’égalité», qui visaient à lutter contre les stéréotypes de genre, font l’objet d’une offensive réactionnaire très virulente à travers une campagne de désinformation massive. Cette offensive est notamment orchestrée alors par la mouvance de la «Manif pour tous», déjà à l’œuvre contre la loi pour le mariage pour tous en 2012.
Il faudra attendre 2025 pour qu’un programme reposant sur trois grands axes, biologique, relationnel et social, voie enfin le jour, bien longtemps après la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Canada, dans une approche globale et positive. Le tribunal administratif de Paris a d’ailleurs rendu publique le 2 décembre 2025 sa décision concernant la mise en application de la loi de 2001. L’État français a ainsi été reconnu coupable de ’’carence’’ ’’en manquant jusqu’en février 2025 à son obligation d’organiser les séances d’information et d’éducation à la sexualité prévues par la loi du 4 juillet 2001 dans les établissements d’enseignement’’.
LES ENJEUX SOCIAUX, POLITIQUES ET ÉDUCATIFS DU PROGRAMME EVARS
Cécile Gondard-Lalanne rappelle qu’un enfant meurt chaque semaine sous les coups de ses parents. 77% des violences sexuelles ont lieu au sein de la famille. Un enfant sur dix est victime d’inceste. La CIVISE évalue à 10 milliards d’euros le coût de l’absence de véritable programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle en France. Les VSS (violences sexistes et sexuelles) étaient déjà estimées à 6 milliards en 2012. Autant de chiffres qui, à eux seuls, montrent l’ampleur de la prévention à mener en milieu scolaire et dans toutes les sphères correspondant aux lieux de socialisation de l’enfant.
Le programme sur l’EVARS a fait l’objet de très nombreux échanges au sein du CESE (Conseil économique social et environnemental). L’action syndicale a permis de nombreuses avancées notables par rapport au texte initial proposé par le CSP. Le CESE a ainsi pu présenter, aidé également de la participation citoyenne, 24 préconisations au gouvernement. Dans le même temps, le programme est contesté par des groupuscules réactionnaires et par l’extrême droite, instillant à dessein la confusion dans l’esprit de certaines familles. Menaces contre les personnels, tracts mensongers, campagnes médiatiques à grande échelle montrent une stratégie d’entrisme réactionnaire sur l’éducation. Depuis, ces mêmes associations tentent d’influer sur le contenu du programme, soutenues notamment par des médias de l’empire Bolloré.
Comme Paul Devin, président de l’IR.FSU, le rappelle dans son éditorial de la lettre de l’Institut de recherches de la FSU du 22 octobre 2025 : «Face à ces menaces qui mettent en péril les finalités démocratiques et émancipatrices de l’école, les organisations syndicales enseignantes doivent persévérer dans leur travail d’alerte et de soutien des personnels de l’Éducation nationale».
POUR UNE FORMATION AMBITIEUSE DES PERSONNELS : LES REVENDICATIONS DE LA FSU
La tâche est en effet complexe car le programme EVARS doit être ambitieux pour répondre aux besoins, à commencer par celui de la formation. Le parcours proposé sur Magister par l’académie de Versailles est inadapté à la question et ne saurait tenir lieu de véritable formation. La FSU demande au contraire qu’un véritable plan de formation pluriannuel soit proposé à l’ensemble des personnels sur leur temps de service. L’EVARS dépasse en effet les seuls savoirs biologiques pour aborder les émotions, le consentement, les stéréotypes, les discriminations et les relations humaines dans toute leur diversité. Cécile Gondard-Lalanne précise qu’une enquête du centre Hubertine Auclert montre que seulement 13% des victimes de cyber violence de genre osent actuellement s’adresser à un adulte dans leur établissement. Cela implique de sensibiliser, d’informer et de former pleinement tous les personnels de la communauté éducative sur cette question.
PARTAGE D’EXPÉRIENCE ET SENSIBILISATION AUX ENJEUX DE L’EVARS
En seconde partie de stage, des ateliers participatifs intersyndicaux visaient justement à sensibiliser et à partager des pistes afin de se saisir des problématiques en jeu :“Agir syndicalement autour de L’EVARS”, “Auto-Défense jeune au travers du théâtre forum-Face aux Violences sexistes et sexuelles”, “Jeu de carte Ripostes aux anti-EVARS », “Accueillir la parole des élèves et personnels”, “Pour une pédagogie égalitaire : conscientisation des gestes professionnels”, “Outils pédagogiques 1er degré” et “Outils pédagogiques 2nd degré”. Ces ateliers ont permis des partages d’expériences et de sensibilisation.
L’EVARS est un levier essentiel pour favoriser l’épanouissement et l’émancipation de chacune et chacun. Il devrait, à court terme, participer à instaurer un climat scolaire plus apaisé, dans le respect de toutes et tous.

Vous pouvez consulter la pochette de stage, où vous trouverez de nombreuses ressources sur ce sujet.
YVELINES