Après les attentats de Paris en novembre dernier, l’émotion, la colère et l’empathie ont prédominé. L’état d’urgence a été décrété. Quelques mois plus tard, l’attaque terroriste de Nice a pourtant eu lieu. L’état d’urgence a été prolongé.
Mais cette réponse du gouvernement est-elle vraiment la bonne ? Ne risque t-elle pas de faciliter la tâche à ceux qui instrumentalisent la peur ? Par ailleurs, après l’épisode « Loi Travail », le pouvoir en place est-il encore crédible quand il argue de la défense de la Démocratie et de la République pour justifier cet état d’exception ? L’état d’urgence n’empêche-t-il pas l’expression de toute contestation des choix politiques ? Comment assurer notre droit à la sécurité sans renoncer pour autant à nos libertés fondamentales ?
Dans le contexte de campagne présidentielle, rares seront les candidats à remettre en question ce qui pourrait devenir un « Patriot act » à la française. Mais le déni de démocratie n’a pas attendu la tragique séquence des attentats pour devenir une réalité dans le pays des droits de l’homme. La « nouvelle raison du monde » néo-libérale a déjà largement sapé les fondements de nos libertés au nom du gouvernement par la dette, de l’avis d’autorité des experts, de la surveillance numérique généralisée.
Dans ce contexte, quel doit être le rôle de l’école ? Comment doivent s’articuler nos missions de professionnels de l’éducation, entre sécurité et liberté ? Comment réagir face aux multiples injonctions contradictoires ? On nous demande d’apprendre à ramper entre les tables pour préparer les élèves au pire, alors même que les moyens de prévention en milieu éducatif ne sont pas assurés dans de nombreux établissements scolaires.
Selon nous, lutter contre le terrorisme, c’est travailler à une meilleure cohésion sociale, en refusant d’alimenter le piège de la stigmatisation et de l’exclusion. L’institution scolaire ne doit pas se transformer en une forteresse sécuritaire. Elle doit en revanche permettre à tous un égal accès aux savoirs émancipateurs. Face au danger d’une fragmentation de notre société, refuser la rigueur budgétaire n’est-il pas un acte de résistance qui peut empêcher la déliquescence du service public d’éducation ?
Le stage que nous vous proposons invite le syndicalisme de transformation sociale à faire le point sur ces questions, sans langue de bois. Ce sera aussi l’occasion d’affirmer les valeurs que nous souhaitons transmettre aux générations que nous concourons à éduquer.
Nos invités pour introduire le débat
Thierry Novarèse : professeur de philosophie, membre de l’Institut de recherches de la FSU où il anime un chantier de recherches sur la sécurité. Intervenant à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police et Expert auprès du centre des hautes études du Ministère de l’Intérieur, il est par ailleurs juge assesseur auprès d’un tribunal pour enfants.
Intervenant LDH (nom à confirmer) : Association de la loi de 1901, la Ligue française de défense des droits de l’Homme regroupe les femmes et les hommes de tous horizons et toutes conditions, qui choisissent librement de s’associer afin de réfléchir, discuter, agir pour la défense des droits et libertés, de toutes et de tous. Elle intervient sur l’ensemble du territoire à travers ses sections locales.
Conseils de lecture : Sécuriser la liberté de T. Novarèse » aux éditions de l’Institut de recherches de la FSU. Ce cauchemar qui n’en finit pas, comment le néolibéralisme défait la démocratie, de P. Dardot et C. Laval, éditions La Découverte, 2016
Pour s’inscrire au stage, voir ce document.