À l’initiative de la FSU 78, qui avait appelé à un rassemblement sur la place publique pour débattre ensemble des questions d’éducation, un vent favorable a réuni plus de soixante dix personnes sur la Place Saint Maclou de Mantes la Jolie, le jeudi 19 mai.

Alors que le SNES appelait le jour même à une « Nuit Debout pour L’éducation », un an après la publication des décrets imposant en force une réforme du collège fortement décriée par la profession, parents d’élèves, élus, enseignants, militants, ont pris la parole pour constater le manque d’ambition de la politique éducative gouvernementale, de la maternelle à l’université. Il s’agissait donc de dépeindre la réalité du terrain, à l’opposé des ambitions affichées par la Refondation de l’école promise au début du quinquennat de François Hollande.

Les participants ont dénoncé une politique éducative caractérisée par une absence de dialogue social, et une méthode consistant à appliquer coûte que coûte des réformes aux effets délétères, sans jamais en tirer un bilan sérieux (réforme " Chatel" du lycée, réforme des rythmes scolaires), en passant par la réforme du collège contre laquelle les enseignants demeurent fortement mobilisés.

C’est notamment le cas de la dizaine de professeurs du Collège Henri IV de Meulan venus raconter les conséquences de cette réforme dans leur établissement. Sous couvert de "réussite pour tous" et de lutte contre des dispositifs jugés élitistes, options, projets et dispositifs de suivi des élèves en petits effectifs seront fermés à la rentrée : options européennes anglais et espagnol, travail sur l’orientation (TSO), aide au travail personnalisé en français et en mathématiques (ATP) ou encore théâtre. Pourtant, ces options et projets étaient ouverts à tous les élèves en fonction de leurs besoins ou de leurs goûts.

Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) et les Accompagnements Personnalisés (AP), impossibles à mettre en place sans temps de concertation, ne remplaceront pas ces dispositifs : non financés, ils seront pris sur les heures d’enseignement des disciplines et diminueront la possibilité de suivre les élèves en petits groupes. Pour clore le tout, l’option latin, finalement "sauvée" grâce aux mobilisations, n’est pas non plus financée et sera donc mise en place à condition de diminuer encore plus les possibilités de dédoublements !

Au lycée Saint-Exupéry de Mantes la Jolie, la réforme qui a introduit l’autonomie dans la gestion pédagogique renvoie en réalité à l’établissement la responsabilité de gérer la pénurie de moyens. On demande aux équipes éducatives, dans le contexte d’une dotation insuffisante pour absorber la hausse des effectifs, de choisir entre le maintien de toutes les options options et des conditions de travail raisonnables pour prendre en charge la difficulté des élèves (classes à effectifs réduits, généralisation de demi-groupes).

A également été évoquée l’ouverture d’une école « Espérance banlieue » à Mantes la Jolie à la rentrée prochaine. Cette école privée hors contrat, censée proposer une alternative crédible aux jeunes des quartiers populaires en échec scolaire, fonctionne en dehors de tout cadre national et en ayant recours au mécénat. Alors que l’État faillit à assurer la continuité du service public d’éducation en n’offrant aucune solution à la pénurie de remplaçants dans le premier degré sur le bassin de Mantes la Jolie, et dans le département en général, une telle situation est emblématique de l’existence dans notre pays d’une école à deux vitesses, et de l’incapacité de l’État à mettre en œuvre les moyens suffisants pour offrir une chance à tous les jeunes au sein de l’Éducation Nationale.

A tous les niveaux de notre système éducatif, c’est une logique de détricotage des cadrages nationaux que l’on cherche à imposer, renonçant à porter sur tout le territoire les mêmes ambitions pour tous, au détriment des élèves les plus fragiles.

C’est encore cette logique à l’œuvre dans la loi "travail" qui, par l’inversion de la hiérarchie des normes, vise à détruire des repères communs et des droits collectifs au profit de choix locaux favorisant l’arbitraire et les pressions managériales.

Pour conclure cette soirée, au terme d’une Journée qui avait rassemblé des centaines de milliers de manifestants dans la rue contre la loi "travail", la FSU 78 a de nouveau dénoncé le mépris du dialogue social affiché par le gouvernement par le recours au 49-3, et rappelé son soutien au mouvement visant à obtenir le retrait du projet de loi et l’obtention de nouveaux droits pour les travailleurs.