ÉCOLE HECTAR…

Une formation sans enseignant·es et une agriculture sans paysan·nes

Après avoir suscité les convoitises de promoteurs lointains, le domaine de La Boissière à Levis St Nom a trouvé preneur en la personne de Xavier Niel, homme d’affaires milliardaire français. A grand renfort de communication, apparaît le « plus grand campus agricole gratuit du MONDE » … sans enseignants, avec des outils numériques que les agriculteurs attendaient forcément, et en bénéficiant d’une subvention du conseil régional Ile de France, ainsi que des financements publics liés à la formation continue via Pôle emploi…

Hectar est le symbole de la marchandisation de l’enseignement professionnel : utilisation de fonds publics, sous-traitance des formations, parce qu’il le faut bien..  et car malgré tout, le blé ne pousse pas que sur un écran à tamagotchi…

Être « proche » du ministère de l’agriculture aide sans aucun doute, la co-fondatrice Audrey Bourolleau est une ancienne conseillère à l’agriculture du président Macron.  Au-delà d’Hectar, c’est tout le système de ce ministère qui encourage le développement de formations privées et qui n’a aucune stratégie pour assurer le renouvellement de la population d’agriculteurs dans les années à venir, que le SNETAP-FSU dénonce. En effet, prêt d’un agriculteur sur 2 partira à la retraite d’ici 10 ans… Syndicat majoritaire de l’enseignement agricole public, le SNETAP-FSU avec le Comité de Défense de l’Enseignement Agricole Public a mené une première action sur place le 29 juin dernier pour contrer cette libéralisation accrue de l’enseignement avec l’ouverture très forte au privé. D’autres actions viendront.

GRIGNON, spéculation immobilière

A 20 km de là, se situe la ferme expérimentale de Grignon : c’est le domaine d’application de l’enseignement et de la recherche pour les étudiants d’AgroParisTech, avec 400 ha de cultures et 2 ha de bâtiments techniques, le tout, en zone agricole protégée. Nos futurs agronomes y découvrent et y testent les techniques agricoles et symbolisent le leitmotiv du ministère de l’agriculture : « Enseigner à produire autrement ».

Malgré la vente de son siège parisien « Claude Bernard », AgroParisTech doit continuer à remplir les caisses de l’État. En effet, le 4 août dernier, la direction de l’immobilier de l’État a attribué le site de Grignon à la société Altarea Cogedim, sur la base d’un appel à projet, proposant dans le château « des séminaires et des événements », ainsi qu’un programme résidentiel, cela, sans aucune consultation des étudiants, du personnel et des habitants de Thiverval-Grignon.

Les étudiants et les personnels d’AgroParisTech devraient quitter ce site qui est un véritable campus agricole de renommée internationale, à la différence d’Hectar, et rejoindre quoiqu’il en coûte le plateau de Saclay.

Une forte mobilisation a lieu, unie autour d’un même slogan : « Non à la privatisation de Grignon », regroupant étudiants, anciens élèves avec AgroParisTech Alumni, personnels d’AgroParisTech avec l’intersyndicale des salariés dont le SNETAP-FSU et le SNESUP-FSU, mais aussi des élus locaux.

Le projet vient d’être repoussé mais pas annulé. Le compromis de vente du domaine de Grignon au promoteur immobilier Altarea Cogedim a été décalé au 31 décembre et non signé le 30 septembre comme prévu initialement, car l’État n’a pas respecté le droit de priorité de la commune.

11 septembre à Grignon, 30 septembre devant la direction générale de l’enseignement du ministère de l’agriculture… et là non plus, ce n’est pas fini. Le SNETAP-FSU et l’intersyndicale entendent bien stopper ce projet de vente à la découpe du patrimoine immobilier et garder la « pépite » qu’est le domaine de Grignon.