Le premier tour des élections présidentielles nous confronte à une situation incertaine qui représente un danger inédit pour la démocratie, les droits des salariés et des citoyens. Il est plus que jamais de la responsabilité de notre organisation syndicale de combattre toutes les politiques qui nous éloignent chaque jour un peu plus de notre idéal de transformation sociale, tout en réaffirmant nos valeurs pour plus de justice et d’égalité entre les citoyens.

Pour la deuxième fois sous la V° République, une candidature d’extrême droite parvient au second tour des élections présidentielles. Pour la FSU 78, le discours du Front National ne peut et ne doit pas être banalisé. Les positions de ce parti sont toujours, comme en 2002, une grave menace pour la République, la démocratie et la cohésion sociale de notre pays. L’instrumentalisation des peurs, de la xénophobie, du sexisme et de l’homophobie a par ailleurs largement dépassé les frontières de ce parti pour dessiner une inquiétante nébuleuse des droites extrêmes. La FSU 78 refuse toute complaisance vis-à-vis de ces discours haineux qui divisent les citoyens au moment même où ils devraient se rassembler.

Nous devons par ailleurs nous interroger sur les conditions de ce succès du Front National. Les gouvernements qui se sont succédé depuis 2002 n’ont pas voulu répondre aux aspirations légitimes à plus de justice sociale, à plus d’égalité entre les citoyens, et ils ont renoncé à ouvrir la perspective d’un avenir meilleur. Pour toutes ces raisons, ils portent une lourde responsabilité dans la crise que nous traversons. La FSU 78 s’est mobilisée contre la Loi Travail et n’a eu de cesse de dénoncer, comme d’autres organisations syndicales, le risque sans précédent d’une remise en cause de la législation existante pour les droits des salariés. L’utilisation à répétition du 49.3 a par ailleurs décrédibilisé la légitimité de ceux qui nous gouvernent, et le passage en force de politiques libérales a cultivé la désespérance et le fatalisme d’une partie de notre population. Ces régressions sociales ont été selon nous le terreau du succès électoral du Front National.

Dans le contexte de l’entre deux-tours, la FSU 78 estime que si chacun doit rester libre de se positionner, le combat contre le parti de Marine Le Pen demeure la priorité. Pour autant, il serait naïf de croire que le programme d’Emmanuel Macron constitue une alternative crédible et durable au programme de l’extrême droite. Nous pensons au contraire que l’application de sa politique libérale ne fera que favoriser la progression du vote Front National dans les années à venir. C’est pourquoi la FSU 78 appelle à construire un troisième tour social afin d’imposer des propositions alternatives pour une société plus juste et plus solidaire : partage du temps de travail, autre répartition des richesses et réforme fiscale, mesures pour une transition écologique pour préparer l’avenir, renforcement des services publics et de la protection sociale pour lutter contre les inégalités, réussite scolaire et élévation d’un niveau de qualification pour tous les jeunes.